Opel pensait à un petit cabriolet, dix ans avant la Peugeot 206 CC

LIGNES/auto vous accompagne tout au long de vos congés pour évoquer le futur en ne négligeant pas le passé. Pourtant, on ne refait pas l’histoire. On peut cependant la raconter sans les traditionnels « et si… », trop simplistes. Et apporter des documents inédits en la recontextualisant. Aujourd’hui, on fouille dans les archives inédites pour vous replonger au basculement des décennies 1980-1990 chez Opel, avec un projet inédit.

Dessin de style du programme de l’Opel Vectra née en 1988. Document © Car design Archives

A la fin des années 1980, le constructeur Allemand est en pleine expansion avec sa berline Vectra née en 1988 (ci-dessus à l’état de croquis, archives CDA), et même si la nouvelle Peugeot 405 lui a grillé la politesse pour l’obtention du prix de la Voiture de l’Année 1989, la Vectra est bien accueillie par une clientèle encore adepte de la berline de milieu de gamme. La Vectra est par ailleurs l’une des premières berlines à permettre d’opter pour une petite motorisation avec un équipement riche ! Elle est disponible en deux variantes de carrosserie : 4 et 5 portes (ci-dessous).

Un an plus tard, sur la plateforme de la Vectra, Opel lance un beau coupé 4 places deux portes, au design incisif et aux optiques toutes fines : la Calibra (ci-dessous) succède dans l’esprit à la Manta, mais avec une architecture traction. Quant à ses optiques fines, elles marqueront l’époque puisque la Citroën XM qui naitra la même année (1989) en sera également dotée. La Calibra est alors produite dans l’usine de Rüsselsheim située près du siège social d’Opel. Un symbole.

Dans le catalogue Opel, les Vectra et Calibra ne devront pas attendre longtemps pour pour accueillir en 1991 leur nouvelle petite sœur Astra. Cette dernière remplace la Kadett E, née en 1984, elle-même successeur de la Kadett D de 1977 qui fut la première traction d’Opel. Et tout en bas de l’offre Opel, la petite Corsa née en 1982 (ci-dessous) sera renouvelée en 1993, deux ans après l’arrivée de l’Astra. Ainsi, en moins de six ans, de 1988 à 1993, toute la gamme Opel est renouvelée. Voilà pour le contexte…

En coulisses, les ambitions du constructeur sont alors bien plus grandes encore puisqu’au moment où le coupé Calibra arrive sur le marché, le projet d’une « petite-Calibra » est lancé. Il s’agit d’un speedster strict deux places qui doit bénéficier de la plateforme de la future Astra de 1991. C’est du moins ce qu’il émerge de la photo de profil dévoilée aujourd’hui (ci-dessous) avec un empattement gigantesque au vu des seules deux places uniques proposées !

Le design du projet publié ici est issu du consultant Bertone, comme on le devine avec le studio de style italien et sa toiture caractéristique en arrière-plan. Soyons honnête : s’il n’y avait pas le petit logo sur le capot et les jantes, il aurait été difficile d’identifier la marque ! Le seul apport de ce dessin pour la série se trouve peut-être dans l’implantation des rétroviseurs qui inspirera sans doute les designers d’Opel lors de l’étude de la deuxième génération de Vectra. L’ensemble, avec son long capot et son grand empattement, manque un peu d’harmonie dans les proportions.

Pour le reste, il nous faut préciser que cette maquette Bertone ci-dessus est issue des travaux de Marc Deschamps, alors responsable du design de la carrozzeria italienne. En plus du speedster Opel, le designer français signe cette année 1990 le dessin du concept-car Chevrolet Nivola (ci-dessous) et également une maquette en plâtre pour le projet de la renaissance de la marque Bugatti.

Pourquoi la marque Opel s’est-elle mis en tête de développer ce petit speedster biplace ? Il ne faut pas oublier que le marché venait d’accueillir en 1989 l’extraordinaire roadster Mazda Miata. Le projet de cette « mini-Calibra » ne connaîtra hélas pas la même réussite que la japonaise puisqu’il n’a pas vu le jour. Dommage, cette Opel avait dix ans d’avance sur le coupé-cabriolet Peugeot 206 CC commercialisé en 2000. Cette dernière bénéficiait cependant du toit rigide escamotable breveté par Heuliez, alors que l’Opel devait à priori se contenter d’un toit en toile…

Ce sera donc finalement la petite Opel Tigra ci-dessus qui débarquera sur le marché des petits coupés en 1993, bien plus raisonnable que le spider biplace dessiné chez Bertone. Mais la Tigra ne pourra pas aller concurrencer le charme de la Peugeot 206 CC. Il faudra attendre 2004 pour cela, avec l’arrivée de la Tigra Twin-Top ci-dessous dotée d’un toit rétractable. C’est Heuliez qui produisit ce découvrable Opel de 2004 à 2009, avec une fabrication qui n’atteindra hélas jamais les objectifs, causant en partie la chute du carrossier français. Ironie de l’histoire, c’est chez Heuliez que fut conçu et produit le toit rétractable assemblé sur la Peugeot 206 CC produite à plus de 370 000 exemplaires. L’histoire est parfois cruelle…

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